Une molécule encore jamais retrouvée dans l'atmosphère d'une planète ou d'une lune, du cyclopropenylidène, a été détectée dans celle de Titan. Si la raison de sa présence est encore un mystère, nous sommes certains que la plus grosse lune de Saturne est l'un des objets les plus fascinants de notre Système solaire.
Nouvelle découverte des plus intrigantes pour ALMA, le plus grand réseau d’antennes millimétrique/submillimétrique au monde, situé dans le désert d’Atacama, au Chili. Les chercheurs ont observé dans l’atmosphère de Titan une molécule encore jamais détectée dans une atmosphère. Il s’agit de cyclopropenylidène, ou C3H2, un carbène très réactif qui, sur Terre, ne se rencontre qu'en laboratoire. À base de carbone et d’hydrogène, cette simple molécule pourrait être une brique essentielle à la formation de composés plus complexes et, qui sait, être à l’origine d’une forme de vie sur le plus grand des 62 satellites de Saturne.
"Quand j'ai réalisé que j’étais bien face à du cyclopropénylidène, ma première pensée a été : 'Eh bien ça, c'est vraiment inattendu'", a déclaré dans un communiqué Conor Nixon, planétologie au Goddard Space Flight Center de la Nasa à Greenbelt, Maryland, et directeur des recherches avec ALMA. Les conclusions de son équipe ont été publiées le 15 octobre 2020 dans The Astronomical Journal. Le C3H2 n’est pas rare dans l’espace, bien au contraire. On le trouve en abondance dans le milieu interstellaire, et plus exactement dans les nuages de gaz et de poussière qui flottent entre les étoiles. En somme, dans des régions bien trop froides et éparses pour qu’il y occasionne le festival de réactions chimiques dont il est capable. C’est pourquoi il est très surprenant de le détecter dans une atmosphère aussi riche que celle de Titan.
Pour rappel, Titan est considérée aujourd’hui comme l’une des lunes les plus intéressantes de notre Système solaire. Elle sera d’ailleurs la destination d’une prochaine mission ambitieuse de la Nasa, Dragonfly, qui débutera en 2026 (date du décollage) pour une arrivée en 2034 à la surface de Titan. On sait que Titan possède non seulement une atmosphère épaisse majoritairement composé d’azote, comme celle de la Terre, mais qu’elle est aussi couverte de lacs, de rivières, de déserts, de montagnes et même de mers… de méthane et d’éthane. On soupçonne enfin la présence d’un océan salé sous sa surface. Une présence à la surface ?
Si l'équipe de Nixon a pu identifier de petites quantités de C3H2 sur Titan, c’est probablement parce qu’elle a mené ses recherches dans les couches supérieures de l'atmosphère, là où la présence d’autres gaz avec lesquels le C3H2 peut interagir est moindre. Reste désormais à comprendre pourquoi du cyclopropénylidène a été retrouvé dans l'atmosphère de Titan et encore dans jamais aucune autre. "Titan est unique dans notre système solaire", estime Conor Nixon. "C’est un trésor de nouvelles molécules." Et de poursuivre : "Nous voulons savoir quels composés de l'atmosphère atteignent la surface et déterminer si cette matière peut traverser la croûte de glace pour atteindre l'océan sous-terrain de la Lune. Nous pensons en effet que c'est dans l'océan que les conditions d'habitabilité sont réunies."
Les types de molécules qui pourraient se trouver à la surface de Titan pourraient être les mêmes que celles qui ont formé les éléments constitutifs de la vie sur Terre. En effet, il y a 3,8 à 2,5 milliards d'années, lorsque le méthane remplissait l'air de la Terre au lieu de l'oxygène, les conditions sur Terre pourraient avoir été les mêmes que celles régnant actuellement sur Titan.
Source : https://www.sciencesetavenir.fr/espace/systeme-solaire/une-molecule-tres-inhabituelle-detectee-dans-l-atmosphere-de-titan_148854
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