La sécheresse qui s'est installée dès le printemps sur les régions du nord et de l'est a gagné cet été presque toute la France. En cette fin de mois d'août, 79 départements sont touchés par des restrictions d'eau sur une partie de leur territoire. Le mois de juillet a été le mois le plus sec depuis 1959 en France et le mois d'août, un peu plus arrosé présente quand même un déficit proche de 50% à l'échelle nationale.
Après un mois de juillet très sec puis une période de canicule de 5 à 7 jours qui a aggravé la sécheresse de surface sur une grande partie du pays, le temps est redevenu plus instable à la mi-août. Si les précipitations ont fait leur retour, elles ont été très hétérogènes au gré des orages et de nombreuses régions n'ont pas recueillies de précipitations en quantité suffisante.
Un mois d'août très sec dans l'est et le sud
En lien avec une dépression se creusant sur le proche Atlantique, les régions de l'ouest sont les plus arrosées en ce mois d'août 2020. A Nantes avec près de 70 millimètres, on enregistre même un excédent pluviométrique de l'ordre de 58% puisque la pluviométrie normale d'août est de 44 mm. On observe même le double d'une pluviométrie habituelle à Vannes avec 99 mm pour une normale de 50 mm. Quelques secteurs plus localisés ont subi également de fortes pluies liées au passage d'orages violents. C'est le cas du Vexin au nord-ouest du Bassin parisien avec pas moins de 121 mm à Wy-dit-Joli-village (95) pour une normale de 52 mm. Même constat sur l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry à l'extrémité est de l'agglomération lyonnaise où 2 orages violents ont apporté un cumul de 109 mm les 1er et 2 août.
Si la sécheresse fait partie intégrante du climat des régions du sud-est, c'est la durée de la période sèche qui est remarquable cette année. A Marignane et Ajaccio, la dernière pluie remonte au 13 juin, ce qui fait 73 jours consécutifs sans pluie ! Marignane risque fort de battre son record de 75 jours consécutifs sans pluie qui a eu lieu du 25 juin au 7 septembre 1933. C'est l'ensemble du bassin méditerranéen qui subit un été extrêmement sec avec des cumuls de pluie généralement inférieurs à 10 millimètres depuis la mi-juin alors que la normale est d'environ 55 mm.
79 départements concernés par des restrictions d'eau
En cette fin de mois d'août, les sols restent très secs par rapport à la normale du Grand Est à la Bourgogne-Franche-Comté ainsi que sur une grande partie de l'Auvergne-Rhône-Alpes. Certains secteurs de la Normandie, du Centre-Val-de-Loire, de l'Ile-de-France et des Hauts-de-France conservent aussi un important déficit d'humidité en surface. La sécheresse de surface s'est atténuée entre la Bretagne, l'ouest des Pays de la Loire et de la Nouvelle-Aquitaine en raison des précipitations de la mi-août.
Selon le dernier rapport de l'Office Internationale de l'Eau " Le bénéfice de la recharge abondante des nappes phréatiques de l’hiver dernier s'observe encore. Toutefois, la situation est moins favorable dans les secteurs où la recharge hivernale n’a été suffisante : nappes de la plaine d’Alsace, des couloirs de la Saône et du Rhône et de l’est du Massif Central. Par ailleurs, la situation s’est dégradée durant le mois de juillet sur certaines nappes réactives, sensibles à l’absence de pluviométrie : les nappes de la craie champenoise, des calcaires jurassiques de Lorraine et du Berry, du socle du Limousin et des formations complexes de la Côte d’Azur affichent des niveaux modérément bas. A noter que les niveaux sont globalement au-dessus, voire très au-dessus dans le bassin aquitain, de ceux constatés l’année précédente à cette même époque"
En cette fin d'été, 79 départements sont touchés par des restrictions d'eau une situation proche de celle de l'année dernière où 85 département avaient été concernés.
Des conséquences importantes dans plusieurs domaines
L'agriculture est l'une des activités les plus touchée par la sécheresse. Les rendements en céréales ont été nettement inférieurs à la normale. Pour de nombreux agriculteurs, il faut remonter à 2016 pour retrouver une moisson aussi défavorable. Les rendements en betteraves sucrières et maïs qui auront lieu cet automne s'annoncent également très déficitaires.
Chez les éleveurs, les prairies se retrouvent complètement grillées par la chaleur et le manque de pluie. Certains ont du déjà pioché dans les réserves de foin pour compléter l'alimentation de leur bétail. Face cette sécheresse, le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a pris des mesures pour accompagner les agriculteurs : « Les agriculteurs peuvent désormais valoriser leurs jachères dans 62 départements et décaler la date de début de présence des cultures dérobées comme le colza fourrager, la luzerne ou encore le sarrasin, implantés en mélange, dans 54 départements. Je reste extrêmement attentif à l’évolution de la situation, au niveau national comme au niveau local, pour adapter les mesures de soutien pour nos agriculteurs. »
Dans le domaine de la production énergétique, la centrale nucléaire de Chooz dans les Ardennes vient d'être mis à l'arrêt. En raison de la sécheresse, le débit de la Meuse nécessaire pour garantir le refroidissement des installations (6 m3/seconde) est actuellement insuffisant. Selon EDF "Le placement et la durée de cet arrêt pour contraintes environnementales seront modifiés en fonction de l'évolution des prévisions météorologiques". A noter que cette centrale fournit près de 5% de la production nucléaire française d'électricité.
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