Le télescope Tess a fait une découverte spectaculaire, celle d'une géante gazeuse en orbite tellement rapprochée autour d'une naine blanche qu'elle se retrouve dans sa zone d'habitabilité. Voilà de quoi envisager le destin futur du Système solaire et repousser les limites de l'exobiologie.
Depuis un peu plus de deux siècles, la physique et la chimie ont pu se constituer comme sciences, de la thermodynamique à l'optique en passant par celles de l'électricité et du magnétisme que parce qu'il était possible d'expérimenter en laboratoire en faisant varier les paramètres des expériences un par un -- tout étudiant doit absolument lire à ce sujet le livre du prix Nobel Max Born. Il n'est évidemment pas possible de faire la même chose en astrophysique mais heureusement les centaines de milliards d'étoiles dans la Voie lactée et les centaines de milliards de galaxies dans l'Univers observable sont des immenses laboratoires naturels où le cosmos fait pour nous toutes les expériences possibles. Avec l'aide de la vitesse finie de la lumière, nous pouvons même observer les équivalents des stades précoces de la formation et de l'évolution des systèmes planétaires ainsi que leur mort avec celle de leurs étoiles hôtes. Il est donc possible de tester nos idées sur la cosmogonie du Système solaire et d'assister au décès de notre Soleil et de son cortège planétaire, si l'on peut dire. On vient d'en avoir une nouvelle preuve comme l'explique une publication dans la revue Nature, fruit du travail de plusieurs astrophysiciens ayant utilisé divers yeux de la noosphère dont le satellite Transiting Exoplanet Survey Satellite, le Tess de la Nasa, et le mythique Spitzer, avant sa fin de mission définitive en janvier 2020.
Tess a permis de découvrir par la méthode des transits une exoplanète autour de l'étoile WD 1856 + 534. Bien que pas totalement surprenante, l'existence de cette exoplanète baptisée WD 1856b s'est révélée suffisamment remarquable pour qu'elle soit étudiée de plus près avec le Télescope Gemini North et son miroir de 8,1 mètres situé sur le Mauna Kea (Hawaii). Les études ont alors été faites dans le proche infrarouge.
Une étoile de la taille de la Terre avec une planète plus grande que Jupiter Il se trouve que WD 1856+534 est une naine blanche, donc une étoile dont la masse est de l'ordre de grandeur de celle du Soleil mais la taille de celui de la Terre. C'est le destin de toutes les naines rouges et de toutes les naines jaunes comme le Soleil de devenir ce cadavre stellaire où toutes les réactions thermonucléaires ont cessé après être passé par le stade de géante rouge. D'ici 5 à 7 milliards d'années, c'est ce qui arrivera au Soleil qui se mettra non seulement à gonfler pour englober au moins l'orbite de Vénus -- et peut-être jusqu'à celle de la Terre -- mais perdra aussi de la masse sous forme de vent stellaire violent. On ne sait donc pas bien non seulement si la Terre survivra et surtout dans quel état. On s'interroge aussi sur le destin des géantes gazeuses et de glace comme Jupiter et Neptune.
Justement, WD 1856b est une géante et sa masse est estimée à environ 13,8 masses de Jupiter tout au plus. De plus, elle tourne autour de son étoile tout les 1,4 jour. Clairement, non seulement l'exoplanète a migré pour être aussi proche mais elle est en mesure de survivre aux forces de marée de WD 1856 + 534. Quant à sa température de surface, elle est de l'ordre de 17 °C, ce qui est similaire à la température moyenne de la Terre. Ce qui veut dire que la géante est dans la zone d'habitabilité de la naine (rappelons que la notion de zone d'habilité est à manier avec précaution comme l'expliquait à Futura l'astrophysicien Franck Selsis). Une exolune habitable ? Voila donc le destin possible des géantes du Système solaire et on peut s'amuser à spéculer sur l’habitabilité d’une éventuelle exolune autour de WD 1856b, par exemple l'équivalent d'une Europe avec sa banquise qui aurait fondu et un océan global qui aurait survécu avec peut-être des formes de vie.
Ce qui est sûr, c'est que c'est la première fois que l'on découvre une exoplanète géante autour d'une naine blanche (à moins que ce ne soit une naine brune, sa masse n'est vraiment pas loin de la masse limite de ces astres) ; ce qui prouve aussi qu'un tel astre peut survivre à une migration planétaire très proche d'une naine blanche au point d'être dans la zone d'habitabilité. Auparavant, on n'avait que des indications indirectes, comme l'expliquait Futura dans le précédent article ci-dessous, et concernant surtout l'existence de disque de poussières pouvant trahir la présence d'une exoplanète rocheuse ayant fini par être détruite en s'approchant trop près de sa naine blanche, là aussi à la suite d'une migration planétaire.
Source : https://www.futura-sciences.com/alternative/amp/actualite/18987/?__twitter_impression=true
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