Depuis quelques semaines, l'activité du Soleil est repartie à la hausse. Certains annoncent même que ce nouveau cycle sera parmi les plus intenses jamais enregistrés. Pour Futura, Karl Battams, astrophycien au Naval Research Laboratory, évoque les conséquences possibles pour la Terre des grandes tempêtes solaires. Des conséquences fâcheuses... mais aussi plus heureuses !
Cela faisait des mois que notre Soleil demeurait des plus calmes. Ne laissant même pas paraître la moindre tache à sa surface pendant plus de 200 jours ! Depuis quelques semaines pourtant, le voilà qui se « réveille » lentement. Mais sûrement. Et la semaine dernière, des chercheurs du National Center for Atmospheric Research (NCAR, États-Unis) ont même prévu que ce cycle solaire 25 -- qui a commencé en décembre 2019, selon la Nasa et la NOAA (l'Agence américaine d'étude de l'atmosphère et des océans) -- pourrait devenir l'un des cycles solaires les plus intenses jamais enregistrés.
« Prédire le comportement à long terme du Soleil reste très compliqué. Si cette prédiction s'avère correcte, ce serait un pas en avant important », commente pour nous Karl Battams, astrophysicien au Naval Research Laboratory. Le chercheur sait de quoi il parle. Il est l'un de ceux qui travaillent sur la mission Soho, l'observatoire solaire et héliosphérique lancé par la Nasa il y a 25 ans. Comme un clin d'œil aux chercheurs tournés vers lui, le Soleil a connu, ce lundi 7 décembre, une éruption assez puissante. De classe C7. De quoi soulever quelques questions. Notamment concernant leur sur la Terre.
L’impact sur la Terre de l’activité solaire Signalons d'abord que les effets d'une éruption solaire et d'une éjection de masse coronale (CME) qui peut l'accompagner dépendent non seulement de l'intensité de cette éruption, mais aussi des positions relatives de la Terre et de la zone éruptive. Une éruption puissante qui se produit sur la face cachée du Soleil aura ainsi moins d'impact qu'une autre plus classique frappant notre planète de plein fouet. « Les éruptions solaires et les éjections de masse coronale sont les moteurs de ce que nous appelons la "météorologie spatiale". De tels événements peuvent affecter nos réseaux de communication et de navigation. Dans des cas extrêmes, ils peuvent endommager les réseaux électriques », précise Karl Battams. Car ils génèrent des tempêtes géomagnétiques qui font fluctuer le magnétisme terrestre de manière brusque et parfois intense. C'est ce qui s'est produit en août 1859. Les astronomes s'en souviennent comme de l'événement de Carrington. Une éruption solaire spectaculaire a provoqué, en Europe et aux États-Unis, des pannes importantes sur les réseaux électriques et télégraphiques de l'époque. « Plusieurs études ont montré qu'un événement de cette ampleur pourrait avoir, sur notre société de la communication sans fil, d'énormes répercussions économiques », commente l'astrophysicien.
Des tempêtes géomagnétiques difficiles à prévoir « Malheureusement, nous ne sommes aujourd'hui toujours pas en mesure de prévoir ce genre d'événement. » Pour exemple, à l'occasion de l'éruption solaire du 7 décembre dernier, les chercheurs de la NOAA avaient d'abord émis un avis de tempête géomagnétique de niveau G3 -- sur une échelle qui va de G1 (mineure) à G5 (extrême). Elle a finalement été rétrogradée au niveau G1. Le champ magnétique transporté par la CME pointant vers le nord au moment de sa rencontre avec celui de la Terre et se trouvant ainsi dans l'incapacité de « fissurer » notre bouclier protecteur.
« Mais ce que nous pouvons dire, c'est qu'un cycle solaire plus actif signifie nécessairement plus d'éruptions solaires intenses et d'éjections de masse coronale importantes. Et de fait, une probabilité plus élevée de voir se produire des tempêtes géomagnétiques », poursuit Karl Battams. « Nous savons également que l'intensité du cycle solaire n'a que très peu d'effet sur le climat. Cela n'a d'impact que sur 0,1 % environ de la production totale d'énergie. Cela ne fait donc aucune différence notable sur les températures qui sont enregistrées sur Terre. »
Des aurores boréales Le phénomène pourrait en revanche affecter les programmes d'exploration spatiale. « La Station spatiale internationale (ISS) est bien isolée des radiations et protégée également par le champ magnétique terrestre.
Mais à mesure que l'exploration humaine s'étendra vers la Lune et -- espérons-le -- Mars, la problématique de la météorologie spatiale va se poser de plus en plus certainement. » D'autant plus encore si le cycle solaire 25 s'avère particulièrement intense.
Source : https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/soleil-si-cycle-solaire-25-tres-intense-faut-il-redouter-terre-decryptage-karl-battams-84714/
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