Publié le 09/03/2018
Le projet O3B, constellation de satellites conçue pour fournir un accès à Internet aux « autres trois milliards d'humains », ceux qui en sont sont aujourd'hui privés, est en passe de gagner son pari. Depuis son déploiement, elle a contribué à réduire cette fracture numérique. Ce soir, quatre nouveaux satellites seront lancés et rejoindront les douze satellites de la constellation déjà en orbite.
Ce soir, pour son deuxième lancement de l'année, le premier à l'aide d'un Soyouz, Arianespacedoit mettre en orbite quatre nouveaux satellites de la constellation O3B, O3B signifiant « other 3 billions », soit « les 3 autres milliards », c'est-à-dire tous ceux qui, aujourd'hui, ne peuvent avoir aucun accès au réseau Internet. Pour ce vol, la performance demandée au lanceur Soyouz est de 3.198 kilogrammes.
Ce 18e lancement Soyouz depuis le Centre spatial guyanais doit permettre de placer les satellites sur une orbite circulaire à 7.830 kilomètres. Les satellites seront séparés deux par deux sur leur orbite dédiée. Le premier couple sera séparé environ 2 heures après le décollage. Un allumage additionnel permettra au système de contrôle d'attitude d'injecter le deuxième couple de satellites 21 minutes après le premier couple, soit 2 heures 22 minutes et 51 secondes après le décollage.
Déployée entre juin 2013 et décembre 2014, la constellation O3B a été développée pour répondre aux besoins des populations des pays émergents disposant d'un mauvais accès à Internet, de « façon à connecter les communautés mal ou pas desservies », et « contribuer à combler le fossé numérique et engendrer le développement social et économique partout dans la zone de couverture de la constellation », nous rappelle Markus Payer, porte-parole de l'opérateur luxembourgeois SES, qui a racheté O3B Networks en juillet 2016. Son nom fait référence aux « autres trois milliards » (Other three Billion), et reflète la « mission commerciale qui est de connecter ceux qui sont coupés du monde de l'information ». O3B compte aujourd'hui 12 satellites, tous construits par Thales Alenia Space. Avec une performance accrue et de nouvelles fonctionnalités, les quatre nouveaux exemplaires (700 kilogrammes chacun), qui doivent être lancés lors de la mission VS 18, vont accroître l'offre de SES Networks.
📷. © Esa, Cnes, Arianespace, Service optique CSG
Une latence réduite à 150 millisecondes
SES Networks vise le « marché du "business to business" et non pas celui des particuliers », précise Markus Payer. Il fournit aux opérateurs locaux une « capacité de trunking [traitement complexe des transmissions] et de connectivité pour les réseaux de télécommunications, à des débits et des temps de réponse comparables à ceux de la fibre optique », faisant des seB signifiant rvices par satellite « une solution idéale là où la fibre est irréalisable ou peu fiable ».
C'est pourquoi cette constellation se situe sur orbite moyenne, à quelque 8.000 kilomètres d'altitude, soit 4,5 fois moins éloignée que les satellites géostationnaires classiques. Cette faible distance constitue la « particularité qui permet d'offrir un accès Internet à faible latence », c'est-à-dire qui réduit le temps nécessaire aux données pour transiter d'un serveur au terminal d'un client. Avec un accès Internet par satellite géostationnaire, ce délai de latence est actuellement de l'ordre de 600 millisecondes et représente un inconvénient pour certaines applications ; avec les satellites O3B, il est quatre fois moindre, atteignant 150 millisecondes.
Une réponse à des besoins réels
Opérationnelle depuis septembre 2014, la constellation O3B a connu, selon Markus Payer, un « succès remarquable, en connectant pour la première fois des populations éloignées aux communications modernes », dans des pays tels que les Îles Cook, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Samoa américaines, les États fédérés de Micronésie ainsi que dans de grandes régions enclavées d'Afrique. Kinshasa (République démocratique du Congo) fut la première ville à bénéficier du service O3B en Afrique, suivie peu après par Madagascar, la République Centrafricaine, le Tchad et le plus jeune pays du monde, le Soudan du Sud.
L'utilisation de la constellation d'O3B Networks permet de fournir des services inédits à de nombreuses industries du secteur maritime et des croisières. Concrètement, en 2012, O3B a signé son premier accord pour fournir aux navires en mer des services qui permettent aux passagers de se « connecter sur l'océan comme ils le font chez eux ». Le premier service fut fourni en 2014 et, très vite, O3B s'est retrouvé à « offrir plus de capacité à un seul navire que ce qui était proposé jusqu'alors à l'industrie de la croisière tout entière ». O3B a également bousculé d'autres secteurs comme ceux, par exemple, de l'énergie, et des administrations publiques, signant des « accords historiques avec les Nations unies et le Département de la défense des États-Unis ».
En attendant O3B mPower
Si aujourd'hui les services de SES convergent pour « connecter peuples, communautés et entreprises où qu'ils soient », et favorisent « l'autonomisation des populations grâce à la connectivité », demain la constellation vise à placer « un nombre de personnes exponentiellement plus important » au cœur de son offre de connectivité.
Pour répondre à ce besoin, la constellation O3B présente la particularité d'être évolutive. C'est-à-dire « qu'à chaque lancement de satellite, la couverture, la capacité et l'efficacité sont augmentées ». Les quatre prochains satellites ne dérogent pas à cette règle : ils apporteront « 38 % de capacité en plus dans le monde », et permettront « d'augmenter la couverture, et ainsi le marché exploitable, passant de +/- 45 à +/- 50 degrés de latitude ». D'ici fin 2019, les services seront encore renforcés, avec une autre série de quatre satellites, elle aussi lancée à l'aide d'un lanceur Soyouz, portant à 20 le nombre de satellites O3B.
Par ailleurs, SES et Boeing ont annoncé en septembre 2017 la construction de sept satellites O3B mPower surpuissants qui viendront compléter l'actuelle constellation avec laquelle ils seront interopérables. Ces futurs satellites disposeront chacun de 4.000 faisceaux et fourniront un débit de plusieurs térabits. Ils seront lancés à partir de 2021.
CE QU'IL FAUT RETENIR
Le pari de la constellation Internet O3b est réussi.
Ses services ont significativement contribué à réduire la fracture numérique des régions et pays couverts par la constellation.
Quatre nouveaux satellites vont la compléter et améliorer les services Internet proposés et la performance de la constellation O3b.
POUR EN SAVOIR PLUS
Satellites O3B : la constellation aura un débit impressionnant
Article de Rémy Decourt publié le 20/09/2017
Avec sa constellation O3B, l'opérateur luxembourgeois SES a montré tout l'intérêt d'une flotte de satellites pour répondre aux besoins des populations des pays émergents ayant un très mauvais accès à Internet. Il a récemment confié à Boeing la construction de 7 nouveaux satellites d'une capacité inédite en orbite. Ceux-ci seront capables de fournir des débits de plusieurs térabits par seconde.
Aujourd'hui, moins de la moitié de la population mondiale dispose d'un accès à Internet, soit plus de 3 milliards de personnes. Quant au nombre d'utilisateurs, il est attendu en hausse d'ici 2021, passant de 3,3 milliards d'internautes aujourd'hui à quelque 4,6 milliards d'humains surfant sur le Web ! Les usages aussi évoluent, nécessitant de plus en plus de débit. À l'internet fixe, s'ajoutent de nouveaux marchés à forte croissance : ceux de la mobilité, dans les airs et sur les océans, et celui de l'internet des objets.
Pour accompagner cette demande, et du fait des coûts excessifs pour déployer des réseaux terrestres, le satellite va s'imposer comme la solution la plus pragmatique pour couvrir les zones isolées, ou à faible densité de population, et les pays en développement. Pour certains services, comme la connectivité à bord des avions et des bateaux, le satellite est tout simplement indispensable.
Depuis le lancement d'offres Internet par satellites pour les particuliers, les entreprises et les opérateurs télécoms, il y a moins de dix ans, la technologie a fortement progressé. Il est aujourd'hui question d'un débit de 20-22 mbits/s, proposé par Eutelsat (Tooway) ou SES Astra (Astra2connect), en Europe, ou encore de débits comparables à ceux de la fibre optique fournis par la constellation O3B. Grâce aux progrès technologiques, les satellites seront capables de fournir la 5G et des débits de plusieurs térabits par seconde d'ici seulement quelques années !
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O3B mPower proposera un accès global à Internet sur la plus grande partie du Globe et évitera les régions où il est inutile de le faire. © SES, Boeing
Une ère nouvelle pour la connectivité mondiale
La semaine dernière, lors de la World Satellite Business Week, organisée chaque année à Paris par le cabinet Euroconsult, SES et Boeing ont annoncé la construction de 7 satellites O3B mPower surpuissants qui viendront compléter l'actuelle constellation O3B. À ce jour, la constellation compte 12 satellites en service ; 8 autres seront lancés en 2018 et 2019.
Ces futurs satellites (tout électriques) auront une capacité inédite de plusieurs térabits par seconde. Ce sera la constellation de satellites la plus puissante au monde ! Ils seront lancés en 2021 et seront placés sur orbite terrestre moyenne (MEO) de façon à couvrir une surface de 400 millions de km2, soit les 4/5e de la surface du Globe. Chaque satellite sera équipé de plus de 4.000 transpondeurs, ce qui fait un total de près de 30.000 faisceaux pour la constellation. Bien que mondiale, avec ses faisceaux entièrement configurables et orientables, la constellation O3B mPower pourra ajuster la répartition de la capacité de chaque satellite entre différents spots au sol. Cette capacité à orienter ses faisceaux lui permettra de ne pas fournir de service au-dessus d'océans et de terres émergées vierges de toute présence ou activité humaine, ce qui n'est pas le cas des constellations de satellites en service aujourd'hui.
Ces satellites apporteront des services de connexion Internet haut débit aux opérateurs Internet et de téléphonie mobile qui commencent à déployer leurs réseaux 5G, et aussi aux compagnies aériennes et maritimes.
Une fusée Soyouz va lancer de Guyane quatre satellites O3B pour Internet
Article de Rémy Decourt publié le 10/07/2014
En attendant le lancement du dernier exemplaire de l'ATV de l'Agence spatiale européenne, Arianespace prépare celui de quatre satellites de la constellation d'O3B. Pour cette mission, c'est le Soyouz russe qui sera au travail ce soir, si les conditions météorologies sont favorables. Il sera retransmis en direct sur le site d'Arianespace.
Plus d'un an après le lancement des quatre premiers satellites de la constellation O3B (Other Three Billions, « les trois autres milliards »), un internet par satellites pour les pays émergents, quatre autres satellites seront lancés ce soir pour la compléter. Comme lors du premier lancement, c'est le Soyouz d'Arianespace qui s'en chargera. Initialement, ils auraient dû être lancés à la fin du troisième trimestre 2013 mais la découverte d'un composant défectueux sur l'un deux avait contraint O3B à reporter le lancement le temps que Thales Alenia Space, en charge de leur construction, procède au changement des composants concernés.
Ce retard a été un sujet d'inquiétude au sein d'O3B Networks. Avec seulement quatre satellites en orbite, l'entreprise ne pouvait proposer qu'un service partiel très préjudiciable pour ses affaires. Pour fournir la gamme complète des services prévus, la constellation doit en effet comporter au moins six satellites.
📷La coiffe du lanceur qui protègera les quatre satellites lors de la traversée de l'atmosphère. Elle sera éjectée du lanceur 3 minutes et 29 secondes après le décollage. © ESA/Cnes/Arianespace/CSG
La constellation O3B sera complétée de quatre autres satellites
Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre. Les voyants sont au vert et un lanceur Soyouz doit mettre en orbite depuis le Centre spatial guyanais ces quatre autres satellites de la constellation O3B. Si les conditions météorologiques sont favorables, ce qui semble être le cas à l'heure de la mise en ligne de cet article, le lancement aura lieu ce soir à 20 h 55, heure de Métropole. Ce sera le huitième lancement d'un Soyouz russe depuis la Guyane. Le tir précédent avait permis de mettre en orbite avec succès le satellite Sentinel 1A de Copernicus.
Pour cette mission, la performance demandée au lanceur est de 3.204 kg, dont environ 2.800 kg représentent la masse des quatre satellites O3B à séparer sur l'orbite visée (qui est équatoriale). La mission doit durer 2 heures et 22 minutes, du décollage à la séparation des satellites sur une orbite circulaire de 7.830 km d'altitude, inclinée à 0,04 degré. Les quatre satellites seront séparés deux par deux, la première paire environ 2 heures après le décollage et les deux derniers environ 22 minutes après. Après ce lancement, il restera quatre autres satellites de la constellation à lancer.
Crédit : Futura Science
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