Jupiter, Saturne, Mars et Vénus se passent le relais pour animer le ciel du crépuscule à l’aube.
En septembre, Jupiter et Saturne sont éclatantes au-dessus de l’horizon sud à la fin du crépuscule, un peu plus d’une heure et demie après le coucher du Soleil. Elles brillent alors à une vingtaine de degrés de hauteur au-dessus de l’horizon sud, soit l’équivalent de la hauteur de votre main grande ouverte bras tendu. Vous ne pouvez les manquer à l’œil nu, si aucun obstacle naturel ou artificiel ne les cache, même si vous observez depuis un milieu urbain offrant un ciel dégradé par la pollution lumineuse. Dans le classement des planètes les plus brillantes, l’éclat jovien n’est en effet dépassé que par celui de Vénus et, durant de rares et brèves périodes, par celui de Mars. Saturne est bien moins brillante, mais elle attire tout de même le regard à près de huit degrés sur la gauche de Jupiter. Huit degrés, cela reste un écart apparent conséquent sur le ciel – à peine moins que la largeur du poing bras tendu – pourtant l’attraction visuelle de cette paire planétaire est évidente et elle ne fera que croître dans les prochains mois car le déplacement de Jupiter va l’amener à croiser Saturne à seulement 0,1 degré, moins que l’épaisseur de la mine d’un crayon à papier tenu à bout de bras. Cette conjonction exceptionnelle se produira le 21 décembre prochain et nous aurons bien évidemment l’occasion d’en reparler.
D’ici là, Jupiter se fera chiper sa deuxième place par Mars durant quelques semaines. Notre petite voisine va en effet passer à l’opposition début octobre, c’est-à-dire que le Soleil, la Terre et Mars seront alignés et que la distance Terre-Mars sera minimale. Du coup, de la fin septembre à la fin octobre, la luminosité martienne va dépasser celle de Jupiter. La surface de Mars étant largement recouverte par une couche de poussière rougeâtre, son éclat montre une dominante rouge ou orange parfaitement perceptible à l’œil nu. Cet éclat rutilant est d’autant plus spectaculaire que l’important diamètre apparent de Mars à l’opposition lui permet d’être pratiquement insensible à la turbulence atmosphérique et de rester d’une stabilité presque inquiétante sur la voûte nocturne. Ne manquez pas le passage de la Lune gibbeuse décroissante juste à côté de Mars à la fin de la nuit du samedi 5 au dimanche 6 septembre (voir plus bas) et profitez-en pour saluer Vénus de l’autre côté du ciel. Elle ponctue l’aube vers l’est-nord-est et se lève plus de trois heures et demie avant le Soleil, ce qui nous donne l’occasion de l’admirer dans un ciel encore chargé d’étoiles dans les meilleurs sites. Ceux qui vous permettront également d’admirer le phare vénusien au cœur du cône faiblement argenté de la lumière zodiacale après la mi-septembre.
Quelques rendez-vous célestes à ne pas manquer
Le samedi 5 septembre au soir, deux heures après le coucher du Soleil, Mars et la Lune gibbeuse décroissante se présentent au guichet est du ciel avec une séparation apparente de près de 4°. Ces astres se rapprochent durant la nuit et, une heure avant le lever du Soleil, le rubis martien n’est plus qu’à 0,5° du limbe lunaire. Deux heures après, dans un ciel bleu, leur séparation est proche de 0,1 degré, c’est l’occasion de tenter de repérer Mars en plein jour ! À l’extrême sud de la Corse, Mars est même occultée durant quelques minutes par le limbe nord de Séléné.
Le dimanche 13 septembre à l’orée de l’aube, Vénus brille à 2,5° au sud de l’amas de la Crèche, dans le Cancer. L’amas de la Crèche, que l’on surnomme également la Ruche ou l’Étable, est un amas stellaire ouvert, c’est-à-dire un groupe de quelques centaines d’étoiles nées à la même époque dans la même nébuleuse. Les astronomes estiment son âge à près de 600 millions d’années, ce qui est plutôt jeune comparé aux 4,56 milliards d’années du Soleil, et sa distance serait proche de 600 années-lumière. Comme les autres amas ouverts répertoriés – les Pléiades, les Hyades, le double amas de Persée, etc. –, l’amas de la Crèche se dispersera au fil du temps, ses étoiles s’éloignant les unes des autres. Dans un ciel sombre, l’amas de la Crèche est un bon test visuel puisqu’il est juste à la limite de la visibilité à l’œil nu. S’il y a un peu de brume, un voile de cirrus ou tout simplement de la pollution lumineuse, il reste caché dans le fond de ciel. Le lundi 14 septembre, le croissant lunaire vient se coller au nord de l’amas et, le mardi 15, il s’affine et brille dans la tête du Lion, juste au-dessus de l’horizon est-nord-est.
Depuis les derniers jours d’août, les planètes Jupiter et Saturne ont repris leur cheminement l’une vers l’autre. Leur séparation apparente était alors de 8,3° et, près d’un mois plus tard, elle est de 7,6°. Cela représente un peu plus que la longueur de votre pouce bras tendu, donc un espace considérable sur la voûte céleste. Le jeudi 24 septembre au crépuscule, une heure et demie après le départ du Soleil, le quartier lunaire brille à 7° sur la droite de Jupiter. Le vendredi 25 au soir, notre satellite est à plus de 3° sous le petit point de Saturne et ces astres surplombent l’horizon sud d’une vingtaine de degrés. Phases de la Lune en septembre La Lune est pleine le 2 dans le Verseau, à son dernier quartier le 10 dans le Taureau, nouvelle le 17 dans la Vierge et au premier quartier le 24 dans le Sagittaire.
Le ciel de septembre En septembre, le crépuscule astronomique prend fin moins de deux heures après le départ du Soleil. Le Triangle de l’été est alors bien visible, très haut dans le ciel au-dessus de l’horizon sud. Véga et Deneb se succèdent au zénith et Altaïr pointe vers le sol. En vous tenant face à l’ouest, l’éclat d’Arcturus s’impose et semble se balancer doucement sous le grand parachute du Bouvier. Plus haut – votre nuque commence à renâcler ! –, l’arc de la Couronne boréale et le nœud papillon d’Hercule vous ramènent à Véga. Au nord-ouest, la Grande Ourse poursuit sa course circumpolaire et la Casserole sera posée sur l’horizon nord après minuit. Les étoiles Mérak et Dhubé, qui servent à trouver la Polaire dans l’hémisphère Nord, peuvent également vous entraîner jusqu’au carré de Pégase de l’autre côté du ciel. Non loin de l’Aigle, le Dauphin – une toute petite figure que l’on peut cacher avec le pouce bras tendu – est un losange avec une prolongation qui suggère relativement bien le corps arqué d’un dauphin bondissant hors des flots. Au nord-est, devant la portion la plus étriquée de la Voie lactée, le W de Cassiopée et l’arc de Persée sont en place et, dans les meilleurs sites, il est facile de voir à l’œil nu la tache oblongue du double amas d’étoiles qui les sépare – tout comme il est possible de distinguer la tache grisâtre de la galaxie d’Andromède en dessous de Cassiopée, en descendant en biais vers l’est. Tout le ciel d’hiver est à présent installé sur la voûte céleste à l’orée de l’aube et l’on retrouve l’immense Hexagone et le plus modeste Triangle d’hiver. Mars rejoint Jupiter et Saturne dans le ciel du soir et son éclat orangé est impressionnant. Quant à Vénus, elle est toujours aussi belle en fin de nuit à l’est-nord-est.
L’éclat de la planète Mars va dépasser celui de Jupiter fin septembre et sa spectaculaire coloration orangée sera évidente à l’œil nu. Profitez-en pour l’observer et la photographier en utilisant le lampadaire lunaire pour éclairer le paysage, comme sur cette image prise dans les Cévennes, ou en jouant avec les éclairages artificiels d’une ville. © Guillaume Cannat
Source : https://www.lemonde.fr/blog/autourduciel/2020/09/01/recital-planetaire-dans-le-ciel-de-septembre/
Comments