Aux États-Unis, le Sénat et la Chambre des représentants ont trouvé un consensus sur un texte budgétaire concernant la Nasa. Certaines missions de l'Agence spatiale américaine qui avaient été annulées sont finalement rétablies et les ambitions de Trump dans le domaine des vols habités sont confortées.
Sans surprise, aux États-Unis, le Sénat et la Chambre des représentants ont rectifié l'avant-projet de budget de la Nasa pour l'année fiscale 2019 (qui débute le 1er octobre 2018 et se termine le 30 septembre 2019) proposé par l'administration Trump. Ce nouveau projet de budget a été soumis à l'approbation finale de l'exécutif. La réponse de ce dernier ne devrait pas tarder.
Le consensus trouvé par les membres du Sénat et de la Chambre porte sur un budget de 20,7 milliards de dollars, en hausse de 1,6 milliard de dollars par rapport à la proposition de l'administration Trump. Des programmes annulés ont été rétablis et, comme le souhaite le président Trump, une forte priorité est donnée à l'exploration cislunaire habitée ainsi qu'au désengagement de la Station spatiale internationale (ISS) en 2025.
Dans le domaine de l'observation de la Terre, quatre des cinq missions abandonnées par l'administration Trump sont finalement rétablies. La mission de mesure du budget radiatif de la Terre (Radiation Budget Instrument) est définitivement annulée en raison de problèmes techniques trop chers à régler.
Un vol circumlunaire avec équipage prévu en 2023
Quant à l'observatoire spatiale infrarouge WFirst, qui doit succéder à l'observatoire James-Webb (JWST) et que l'administration Trump souhaite annuler au grand dam de la communauté scientifique concernée, le budget la rétablit également et lui octroie 150 millions de dollars. Cela dit, le programme WFirst n'est pas pour autant sauvé et son avenir reste incertain. Échaudé par l'explosion du budget du JWST (passé en quelques années de 1,6 milliard à plus de 8,8 milliards de dollars), le Congrès demande à la Nasa de lui faire une revue détaillée du programme. Justement, James-Webb obtient un financement de 533,7 millions de dollars qui pourrait être insuffisant en raison de la récente décision de la Nasa de reporter son lancement d'un an.
Dans le domaine de l'exploration robotique, plus de 2,2 milliards de dollars sont mis à la disposition de la Nasa ; c'est une augmentation de 300 millions de dollars par rapport à la demande initiale de l'exécutif. Cette somme servira notamment à poursuivre les études d'un atterrisseur qui pourrait être lancé en 2024, soit deux ans après la mission Europa Clipper (2022), dont un des objectifs est de préparer l'atterrissage de celle-ci sur Europe. Notez que le projet d'hélicoptère pour la mission martienne Mars 2020 suscite un certain intérêt : 23 millions de dollars lui sont alloués.
En matière de vol habité, le premier vol test sans équipage du vaisseau spatial Orion est fixé à 2020, puis un vol circumlunaire avec équipage est prévu en 2023. Ce sera aussi la première mission spatiale habitée vers la Lune depuis le vol Apollo 17 en 1972. Ce budget financera également un remorqueur spatial doté de capacités de propulsion et de fourniture d'énergie en 2022. Il s'agira du premier élément constitutif d'une plate-forme orbitale lunaire, passerelle pour l'espace cislunaire ; il sera le grand programme international qui succédera à la Station spatiale internationale.
Budget de la Nasa : les orientations de l'administration Trump
Article de Rémy Decourt publié le 16/02/2018
Les propositions du budget de la Nasa viennent d'être rendues publiques. Par rapport aux années précédentes, la stratégie reste globalement la même, avec un budget en hausse. Mais on regrettera les propositions d'annulation de cinq missions d'observation de la Terre, et de la mission WFirst, pourtant jugée prioritaire par le Conseil national de la recherche des États-Unis.
La proposition de budget de l'administration Trump pour la Nasa a été rendue publique. Ce budget s'établit à 19,9 milliards de dollars, ce qui constitue une hausse de 370 millions de dollars par rapport à la proposition de l'année précédente. Cette requête présidentielle va maintenant être passée en revue en détail par les commissions d'appropriations de la Chambre et du Sénat, qui vont accepter ou rejeter les propositions de ce budget.
En attendant le budget définitif, nous vous présentons une synthèse des propositions qui nous ont le plus interpellés. Lorsque le budget définitif sera rendu public, cette synthèse sera mise à jour avec des informations plus exhaustives.
L'annonce la plus surprenante concerne l'annulation de la mission WFirst. Cet observatoire spatial de tout même plus de 3,6 milliards de dollars (ce montant justifie cette annulation) devait observer dans l'infrarouge proche et augmenter d'un facteur 100 le champ qu'offre le télescope spatial Hubble ! Avec son miroir d'un diamètre de 2,4 mètres, identique à celui d'Hubble, et un coronographe installé au foyer du télescope, WFirst était dédié en grande partie à la recherche et à l'observation des exoplanètes. Mais restons optimiste. Le Congrès américain est favorable à cette mission et l'Agence spatiale européenne pourrait y participer.
Donald Trump, qui a toujours remis en cause le consensus scientifique sur le changement climatique, et qui a été élu sur un programme climatosceptique, veut limiter les activités de la Nasa dans le domaine de l'observation de la Terre et la lutte contre le changement climatique. C'est donc sans surprise que l'administration Trump propose l'annulation de cinq missions, dont quatre étaient déjà sur la sellette depuis l'année dernière. Il s'agit de :
la mesure du budget radiatif de la Terre (Radiation Budget Instrument) ;
la mesure de la couleur des océans pour étudier la photosynthèse du phytoplancton, tout en suivant les aérosols et les nuages (Plankton, Aerosol, Clouds & Ocean Ecosystem) ;
la mesure de la quantité de dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère terrestre (Orbiting Carbon Observatory 3) ;
le spectromètre préparatoire à la mission Clarreo (Climate Absolute Radiance & Refractivity Observatory) ;
stopper le financement du satellite DSCOVR (Deep Space Climate Observatory), en orbite autour de la Terre depuis février 2015.
Privatisation de la Station spatiale internationale
Ce budget, s'il est adopté en l'état, marque aussi le coup d'envoi de nombreux projets d'exploration humaine de la Lune et de Mars. La construction de l'avant-poste en orbite cislunaire, qui pourrait succéder à la Station spatiale internationale, devrait débuter en 2022, avec le lancement du Lunar Orbital Platform qui en serait l'élément central.
Quant aux missions robotiques, aucune de celles en développement n'est annulée. Ainsi, la mission de retour d’échantillons martiens, qui doit débuter avec le lancement du rover Mars2020 est maintenu. Seule déception, le projet Europa Lander est abandonné en raison des contraintes techniques. Pour poser un atterrisseur de 500 kilogrammes sur Europe, cette grande lune de Jupiter, et qui fonctionnera seulement 35 jours, il faut lancer un véhicule de 16,8 tonnes depuis la Terre, pour un budget de plusieurs milliards de dollars.
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Crédit : Futura Sciences
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