Une grande tempête s'est levée sur Mars depuis fin mai. Elle a déjà recouvert un quart de la Planète rouge. Situé près de l'équateur martien, le rover Opportunity est au cœur de la tourmente. L'équipe qui prend soin de lui depuis quinze ans est inquiète sur son sort. Survivra-t-il à la plus grande tempête qu'il ait connue ?
La Nasa et les équipes en charge d'Opportunity sont inquiètes depuis plusieurs jours. Fin mai, la sonde Mars Reconnaissance Orbiter sonnait l'alerte à la vue de la levée d'une tempête de poussière sur Mars. Aussitôt, les opérations scientifiques en cours dans la vallée de la Persévérance, sur le bord ouest du cratère Endeavour, qu'explore le rover depuis plusieurs semaines ont été suspendues jusqu'à nouvel ordre, dans l'espoir que la tempête s'estompe assez vite.
Mais elle a pris de l'ampleur et s'étendait, le 12 juin, sur un quart de Mars, couvrant ainsi une surface de quelque 35 millions de km2 (ce n'était encore que la moitié quatre jours plus tôt), soit l'équivalent de l'Afrique et l'Europe réunies. Opportunity était alors en plein cœur de la tourmente.
Contact perdu avec Opportunity
Malheureusement pour le rover, les poussières fines dans l'atmosphère ont considérablement obscurci le ciel et lui cachent la lumière du soleil qui lui est vitale. C'est la nuit en plein jour comme le montrent les simulations de la Nasa (voir image ci-dessus). Empêché de recharger ses batteries, l'astromobile doit à tout prix éviter d'attraper froid durant les nuits martiennes. Et le problème est que ses radiateurs de survie sont très énergivores. Point positif de ces tempêtes tout de même, la température nocturne ne descend pas trop bas. Il a fait -29 °C le 10 juin. C'est ce qu'ont indiqué les relevés au petit matin envoyés par le rover. Car oui, le rover communiquait encore avec la Terre, il a bien résisté jusque-là... Mais à l'appel du 12 juin, Opportunity n'a pas répondu.
« L'équipe émet maintenant l'hypothèse que la tension dans les batteries d'Opportunity est descendue en dessous de 24 volts et que le rover est entré en mode de panne de faible puissance, une condition où tous les sous-systèmes, sauf une horloge de mission, sont éteints, a indiqué hier la Nasa dans un communiqué. L'horloge de mission du mobile est programmée pour réveiller l'ordinateur afin qu'il puisse vérifier les niveaux de puissance », a précisé l'Agence spatiale. Le niveau d'énergie du rover était au plus bas deux jours auparavant, l'obligeant à passer en mode sauvegarde. À présent, il est possible qu'il soit entré en mode de sommeil profond. Rien n'est perdu encore, estime la Nasa.
La longévité impressionnante d’Opportunity
Ce n'est pas la première fois qu'Opportunity, débarqué sur Mars il y a un peu plus de 14 ans, affronte une grande tempête. Mais celle de 2018 est plus redoutable que celle qu'il a essuyée en 2007, pourtant mémorable.
Souhaitons au petit rover qu'un beau Soleil radieux revienne rapidement, de quoi recharger ses batteries et le réchauffer et ainsi reprendre son aventure martienne d'exploration. Rappelons qu'il est dans la vallée de la Persévérance. Fort du record de la plus grande distance extraterrestre jamais parcourue, le robot a de loin dépassé les attentes de ses concepteurs. Sa longévité est tout de même impressionnante : 50 fois plus grande que celle initialement prévue de trois mois, plus de 5.000 jours martiens et 250.000 clichés ! La Nasa rappelait hier au cours de la conférence de presse qu'elle a donnée que plus de 14 ans après son arrivée sur Mars, il affiche une forme insolente. Après plus de 5.000 cycles de recharge, ses batteries sont à 85 % de leur capacité ! Le rover n'a pas encore dit son dernier mot...
Mars : Spirit et Opportunity menacés par une tempête de poussière
Article de Jean Etienne publié le 23 juillet 2007
Les robots explorateurs Spirit, et surtout Opportunity, subissent actuellement les assauts d'une violente tempête de poussière martienne qui pourrait compromettre la suite de leur mission.
Pourtant, les deux engins, qui étaient conçus à l'origine pour résister trois mois en environnement martien mais qui y travaillent effectivement depuis plus de trois années, ont fait preuve jusqu'ici d'une robustesse inégalée. Mais la violente tempête de poussière balayant actuellement la quasi-totalité de la Planète rouge atteint un tel niveau que ceux-ci pourraient très bien ne pas y survivre.
Ce ne sont pas les atteintes de la poussière elle-même qui présentent un risque pour les sondes, l'atmosphère très raréfiée de Mars limitant les dégâts, mais bien l'obscurcissement du ciel, qui atteint 99% dans la région du cratère Victoria sur les remparts duquel est toujours perché Opportunity, et dont les projets de descente ont été ajournés.
Habituellement, les panneaux solaires des rovers produisent quelque 700 watts.heures dans des conditions idéales. Mais en raison de l'absorption du rayonnement solaire par les particules de poussière en suspension, cette valeur est retombée à 148 watts.heures le 17 juillet pour Opportunity, la valeur la plus faible jamais enregistrée, puis se réduisait encore réduite à 128 watts.heure le lendemain. Spirit, moins exposé dans le cratère de Gusev situé aux antipodes, subit ces contraintes dans une moindre mesure.
Depuis plusieurs jours déjà, les techniciens de la Nasa avaient transmis de nouvelles instructions aux deux engins afin de limiter leur consommation électrique. Toutes les parties mobiles (moteurs, bras télécommandé) avaient été mises en sommeil, dans l'attente de jours meilleurs...
Situation critique
Mais à partir du 17 juillet, le centre de contrôle constatait que les batteries d'Opportunity se vidaient irrémédiablement, en raison d'une consommation électrique supérieure à ce que les générateurs solaires pouvaient fournir. La situation devenait alors critique, car les circuits électroniques de l'engin on besoin d'une température interne suffisante pour fonctionner. Celle-ci est assurée par un réseau de résistances électriques, et en cas de panne, les dégâts pourraient s'avérer irrémédiables.
Les techniciens prirent alors une série de mesures plus drastiques, mettant Opportunity en sommeil complet, et lui commandant de ne reprendre contact avec la Terre qu'une seule fois tous les trois jours. Ainsi réduite, la consommation électrique quotidienne tombait sous les 130 watts.heures.
Il est actuellement impossible de prévoir la durée de cette tempête de sable, qui se reproduit à chaque printemps martien mais montre cette année une violence et une intensité peu coutumières. Les ingénieurs du JPL (Jet Propulsion Laboratory) élaborent en ce moment une série de programmes de diagnostic spécialement conçus pour effectuer un check-up complet de chacune des deux sondes dès que le problème sera écarté, afin de déterminer l'étendue des dégâts éventuels.
ASTRONAUTIQUE , #MARS , #TEMPÊTE DE #POUSSIÈRE
Crédit : Futura Sciences
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