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Photo du rédacteurAstro Photo Météo 53

Lunokhod 1 : il y a 50 ans le premier rover planétaire roulait sur la Lune

Le premier rover télécommandé depuis la Terre et explorant la surface d'une autre planète tellurique n'était pas états-unien mais russe. Il s'appelait Lunokhod 1 et on a célébré le 17 novembre 2020 les 50 ans de son arrivée sur la Lune.


Les robots américains Spirit et Opportunity, de la mission Mars Exploration Rover, nous ont fait rêver avant Curiosity. Perseverance les rejoindra bientôt sur la Planète rouge et si tout va bien, dans quelques années, le rover européen de la mission ExoMars. Mais il ne s'agit nullement des premiers artefacts de la noosphère de la Planète bleue à rouler sur la surface d'un autre monde que la Terre. Il y a 50 ans, le 17 novembre 1970 précisément, la sonde soviétique Luna 17 réussissait son alunissage. À son bord se trouvait le premier astromobile de l'Humanité : Lunokhod 1. Il s'agissait d'un rover télécommandé, bien avant ceux déposés par la Chine et que l'on connaît sous les noms de Yutu 1 et Yutu 2, et qui sera suivi de son jumeau apporté par Luna 21 en janvier 1973 : Lunokhod 2.


Lunokhod est un peu l'équivalent en russe de Moonwalker en anglais et, dans les deux cas, on pourrait traduire ces termes par « arpenteur de Lune ». Les Lunokhod étaient en avance sur leur temps et partageaient déjà de nombreux points communs avec les rovers Spirit et Opportunity. Ils sont le produit des ingénieurs russes qui sont tout aussi talentueux et géniaux que leurs collègues physiciens tel le légendaire Lev Landau. En l'occurrence, ils avaient été conçus et développés à la demande du mythique fondateur du programme spatial russe Sergueï Korolev et sous la direction de Gueorgui Babakine, un brillant ingénieur soviétique responsable du bureau d'études de la tout aussi mythique entreprise russe de construction de matériel spatial NPO S. A. Lavotchkine, clé du programme des sondes lunaires soviétiques des années 1960 à 1970.


Des rovers pour aider à l'exploration humaine de la Lune À l'origine, les Lunokhod étaient prévus pour préparer et assister l'alunissage des cosmonautes. D'abord, en permettant d'explorer en détail la zone d'alunissage prévue (il y avait des incertitudes sur l'épaisseur du régolite lunaire et sa capacité à permettre des déplacements sans s'y enfoncer profondément), ensuite en servant de radiobalises lors de l'atterrissage d'un module lunaire de secours sans cosmonaute en mode automatique. En cas de succès, un module habité devrait avoir aluni à proximité, mais s'il était endommagé le cosmonaute aurait l'opportunité de se rendre à l'un des Lunokhod les plus proches pour l'utiliser comme véhicule afin de rejoindre un module lunaire de réserve.


On le sait, ce ne fut finalement pas ce scénario qui fut réalisé mais toujours est-il que Lunokhod 1 fut un grand succès. Alimenté en énergie par un panneau photovoltaïque installé à l'intérieur du couvercle supérieur à charnière de l'astromobile, il a fonctionné pendant 11 jours lunaires, l'équivalent de 322 jours terrestres, et a parcouru plus de 10 kilomètres dans La mer des Pluies (en latin Mare Imbrium, un bassin qui s'est formé à la suite du remplissage par de la lave liquide d'un cratère d'impact géant préexistant) en transmettant plus de 20.000 images télévisées via ses deux caméras et 206 panoramas haute résolution. Pour prendre la mesure de l'exploit, il faut se souvenir qu'en raison de l'alternance des jours et des nuits lunaires, les températures étaient de 120 à 150 °C un jour lunaire et de -130 à -170 °C pendant une nuit lunaire.


Lunokhod 1 était équipé de plusieurs instruments. Son spectromètre à fluorescence X lui a permis d'effectuer 25 analyses de sol avec et son pénétromètre a été utilisé à environ 500 emplacements différents pour tester les caractéristiques mécaniques du sol. Comme le rappelle le précédent article de Futura ci-dessous, Lunokhod 1, mais aussi son jumeau Lunokhod 2 apporté sur le sol lunaire par en janvier 1973 par la sonde Luna 21, était également équipé d'un rétroréflecteur permettant d'utiliser des impulsions laser issues de deux observatoires - un Soviétique et un Français - sur Terre qui étaient donc réfléchies et rendaient possible de mesurer la distance Terre-Lune et son évolution au cours du temps, permettant à l'occasion plusieurs tests de la théorie de la relativité générale.


Le Cnes a mis en ligne plusieurs articles concernant l'implication de la France dans les missions soviétiques Luna 17 et 21. L'un de ces articles explique que « les rétroréflecteurs français des Lunakhod était constitué de 14 prismes à face triangulaire de 10,6 cm pour une surface totale de 680 cm² et une masse de 3,5 kg ». L'association de ce genre de rétroréflecteurs avec des tirs laser pour mesurer des distances et leurs variations dans le temps était déjà mis en pratique par le Cnes au cours des années 1960 pour déterminer avec précision l'orbite des satellites. Devant le succès de cette technique, les soviétiques avaient donc proposé au Cnes dès 1968 de leur fournir des réflecteurs lasers pour les rovers lunaires, Lunakhod 1 et 2.


Les premiers tirs laser eurent lieu depuis l'Observatoire du Pic du Midi dans les nuits des 5 et 6 décembre 1970 explique l'un des articles du Cnes.

L'un des concepteurs des Lunokhod, A. L. Kemurdzhian, avait déclaré à leur sujet : « Tout comme nous nous souvenons du premier bateau à vapeur, du premier avion, de la première voiture, tout le monde se souviendra du premier rover lunaire... Le mot "Lunokhod" est entré dans la circulation mondiale sans traduction, comme avant lui le mot "Spoutnik" ».


Source : https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/lune-lunokhod-1-il-y-50-ans-premier-rover-planetaire-roulait-lune-24216/

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