Certaines bactéries hautement résistantes aux radiations ont réussi à survivre à l'extérieur de la Station spatiale internationale durant trois ans, d'après une étude. Cette découverte suggère que des formes simples de vie pourraient voyager dans l'espace, et donc essaimer la vie d'une planète à l'autre.
Elle a été surnommée « Conan La Bactérie » par les scientifiques. Comme le barbare incarné Arnold Schwarzenegger, la bactérie Deinococcus radiodurans est hyper résistante : elle peut survivre au froid, à la déshydratation, à l'acide, aux UV et aux rayonnements ionisants. Et si cela ne suffisait pas, une nouvelle étude vient de révéler qu'elle pouvait parfaitement s'acclimater à l'environnement extrême de l'espace. La mission japonaise Tanpopo (pour « pissenlit » en français) visait à vérifier cette hypothèse. Une colonie de bactéries séchées a été placée entre des panneaux d'exposition, dans un module fixé à l'extérieur de la Station spatiale internationale, qui orbite à 400 kilomètres autour de la Terre. Au bout de trois ans, rapporte l'étude parue dans « Frontiers in Microbiology », les bactéries à la surface étaient mortes, mais cela a créé une couche protectrice pour les bactéries en-dessous, assurant la survie de la colonie. Ces résultats ont permis aux chercheurs d'extrapoler qu'une colonie d'un millimètre de diamètre pourrait potentiellement survivre jusqu'à 8 ans dans des conditions spatiales. Alors que les rayons cosmiques qui traversent l'espace sont assez puissants pour causer des dommages génétiques, la bactérie Deinococcus a pour particularité de pouvoir réparer son ADN en seulement quelques heures.
Ces travaux fournissent, à ce jour, la meilleure estimation de la survie bactérienne dans l'espace, même s'il faudrait également tester la capacité de ces bactéries à subir un atterrissage sur une planète. « Les résultats suggèrent que le Deinococcus radiodurans pourrait survivre durant un voyage interplanétaire entre la Terre à Mars, qui peut durer plusieurs mois ou plusieurs années », a déclaré à la presse américaine le Dr Yamagishi, auteur principal de l'étude.
L'hypothèse de la panspermie
Ces résultats relancent l'hypothèse de la « panspermie ». Cette théorie de longue date, loin d'être la théorie dominante dans la communauté scientifique, avance que la vie sur Terre pourrait venir d'ailleurs, de composés organiques transportés depuis l'espace par les micrométéorites.
« L'origine de la vie sur Terre est le plus grand mystère des êtres humains », a commenté le Dr Yamagashi. « Les scientifiques peuvent avoir des points de vue totalement différents sur la question. Certains pensent que la vie est très rare et ne s'est produite qu'une seule fois dans l'Univers, tandis que d'autres pensent que la vie peut arriver sur toutes les planètes appropriées. Si la panspermie est possible, la vie extra-terrestre doit être beaucoup plus répandue qu'on ne le pensait ».
Source : https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/la-vie-sur-terre-pourrait-elle-venir-dailleurs-1237676
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