L’imprévu provoqué par le clapet du compartiment de collecte, qui ne se refermait pas, a forcé la NASA à annuler une opération de pesage de l’échantillon. Selon les images, il y aurait au moins 400 grammes de poussières sécurisés.
Mission presque accomplie : la sonde américaine Osiris-Rex a réussi à sécuriser dans une capsule hermétique l’échantillon de sol de l’astéroïde Bénou, qu’elle avait collecté la semaine dernière, a annoncé la NASA, jeudi 29 octobre. « Nous avons terminé l’opération avec succès », a déclaré Rich Burns, chef du projet du côté de la NASA, dans une conférence téléphonique.
Le bras collecteur de la sonde avait récupéré un gros volume de poussières et de fragments lors d’un contact de quelques secondes mardi dernier avec Bénou. Mais trois jours plus tard on apprenait que le clapet du compartiment de collecte ne parvenait pas à se refermer, et des fragments s’échappaient depuis dans l’espace, mettant en danger toute la mission, lancée en 2016.
En urgence, le bras a transféré cette semaine sa cargaison lors d’une lente opération (environ trente-six heures) dans la capsule, fixée au centre de la sonde, et le couvercle de la capsule s’est refermé avec succès, selon des images, de grande qualité, transmises par Osiris-Rex. A cette distance, chaque étape prenait deux heures, selon Sandra Freund, de Lockheed Martin, car chaque message mettait 18,5 mn à parvenir à la Terre, et l’équipe voulait vérifier chaque étape avant d’ordonner la suivante.
L’imprévu provoqué par le clapet a forcé la NASA à annuler une opération de pesage de l’échantillon. Les scientifiques ignorent donc exactement combien de particules de Bénou la sonde a récupérées, mais ils peuvent faire une estimation. Dante Lauretta, chef de la mission, estime que « des dizaines de grammes » ont été perdues à cause de la fuite. Mais selon lui, il en reste au minimum 400 grammes sécurisés, d’après les images, et sans doute beaucoup plus. « Nous sommes probablement au-delà d’un kilogramme », a ajouté M. Lauretta.
Des données pour en savoir plus sur la géologie des astéroïdes Il a raconté que l’échantillonnage avait permis de découvrir que l’astéroïde était recouvert d’une couche de plusieurs mètres de particules « sans cohésion », en raison de la très faible gravité, à l’instar d’une piscine à boules. Osiris-Rex s’est probablement enfoncée de 48 cm dans le sol au moment du contact, sans rencontrer la moindre résistance, et si elle n’avait pas allumé ses propulseurs pour repartir dans l’autre sens, « nous serions sans doute passés à travers l’astéroïde », a dit Dante Lauretta. « Il n’y a presque aucune force qui maintienne les grains ensemble. »
Si un astronaute tentait de marcher sur Bénou, « il s’enfoncerait jusqu’aux genoux ou encore plus profondément », a raconté, fasciné, le scientifique, ajoutant que ces données permettraient de recalibrer tous les modèles de géologie des astéroïdes.
Osiris-Rex repartira des alentours de Bénou en mars 2021, avec un atterrissage de la capsule prévu le 24 septembre 2023 dans le désert de l’Utah, aux Etats-Unis.
Source : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/10/30/la-sonde-americaine-osiris-rex-a-reussi-a-securiser-ses-poussieres-d-asteroide_6057838_1650684.html
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