« La saga des ondes gravitationnelles » (5/6). L’instrument européen Virgo a permis d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur l’Univers faite de fusions de trous noirs, d’explosions d’étoiles, d’échos du Big Bang… « Nous l’avons fait ! » Ce 11 février 2016, à Washington, David Reitze savoure les applaudissements déclenchés par cette exclamation. Ils saluent un exploit attendu depuis un siècle, réalisé par une vaste collaboration internationale de quelque mille physiciens. Cette collaboration qui a permis de détecter pour la première fois, en septembre 2015, des ondes gravitationnelles, comprend deux groupes, un aux Etats-Unis, LIGO, dirigé par David Reitze et réparti sur deux sites, et l’autre en Europe, Virgo, situé non loin de Pise, en Italie.
Ce dernier, qui n’était pas prêt, n’a cependant pas vu le premier le passage sur Terre de cette ondulation de l’espace-temps quasi imperceptible, qui ouvre une nouvelle fenêtre astronomique sur l’Univers. Le Nobel pour l’Amérique et l’amertume pour l’Europe. « Lors de cette annonce, il y avait de la joie bien sûr, mais tempérée par le fait que c’était les Américains qui l’avaient vue et pas nous », note Jean-Yves Vinet, ancien porte-parole de Virgo. « La frustration a été atténuée par une publication en commun et le partage des données », atténue Alain Brillet, à l’origine de Virgo. « On était un peu spectateurs de cet événement », reconnaît Nicolas Arnaud au laboratoire de physique des 2 infinis Irène Joliot-Curie.
Alors les équipes européennes, entre 2015 et 2017, mettent les bouchées doubles pour rattraper leur partenaire, avec qui elles espèrent voir leur première onde pour en localiser la source par triangulation. « Le management mettait la pression », se souvient Nicolas Arnaud. C’est le moment où, sur l’instrument de détection – un interféromètre laser –, les lames des atténuateurs sismiques se fissurent sans raison et, surtout, où les câbles de suspension en fibre de verre des miroirs cassent mystérieusement, contraignant à revenir aux bons vieux câbles d’acier. En fait, des micropoussières se baladaient dans l’expérience et tapaient les précieux fils.
Source : https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2020/08/18/detections-en-chaine-d-evenements-etranges-aux-confins-de-l-espace-temps_6049240_3451060.html
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