Une équipe internationale vient de retracer avec une précision inégalée les fluctuations du climat depuis la disparition des dinosaures il y a 66 millions d’années. Ce lointain retour en arrière illustre combien le changement climatique actuel constitue une anomalie dangereuse.
66 millions d'années ! C'est la marque temporelle à laquelle est remontée une équipe internationale de paléoclimatologues menée par le centre allemand Marum de Breme. Leurs travaux publiés dans Science révèlent l'histoire climatique récente de la planète avec une résolution temporelle inégalée. "On sait maintenant plus précisément quand la planète était plus chaude et plus froide et nous avons aussi une meilleure compréhension des dynamiques à l'œuvre", assure Thomas Westerhold, principal auteur de l'article. Cette nouvelle courbe de référence a été baptisée CENOGRID pour "Cenozoic Global Reference Benthic Foraminifer Carbon and Oxygen Isotope Dataset", le Cénozoïque étant l'ère géologique allant de la limite Crétacé-Tertiaire il y a environ 65 millions d'années jusqu'aux temps présents. Car ce travail n'est pas une modélisation des climats passés. "Les modèles de climat –encore appelés modèle Système Terre- n'ont pour l'instant ni la vocation ni la capacité à simuler le climat sur une période aussi longue", précise Pierre Sepulchre, paléo-climatologue modélisateur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE, Institut Pierre Simon Laplace), qui n'a pas participé à ce travail.
Un minuscule témoin des climats passés La base de cette étude repose sur un indicateur biologique dont on déduit des variables physiques : les foraminifères benthiques. Ces minuscules organismes construisent des coquilles en calcite utilisant le carbone et l'oxygène de leur environnement dont les compositions isotopiques (respectivement d13C et d18O) dépendent des flux de carbone entre atmosphère et océans pour l'un, et de la température et du volume des calottes de glace pour l'autre. Fossilisés dans les carottes sédimentaires océaniques, les foraminifères constituent ainsi un moyen de reconstruire l'évolution du climat global aux longues échelles de temps.
Depuis les années 1940, des navires forent les fonds marins de tous les océans pour récupérer les foraminifères dans les carottes sédimentaires. Ces expéditions menées sous l'égide du "International Ocean Discovery Programme" (OIDP) n'ont cessé de se multiplier grâce aux subsides versés par 26 Etats. Entre 2003 et 2013, plus d'une cinquantaine de campagnes de forages ont ainsi pu être menées et cette collaboration internationale est toujours en cours.
Source : https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/une-histoire-toujours-plus-precise-du-climat-passe_147426
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