On pensait jusqu'ici que la glycine, l'acide aminé le plus simple sans lequel la vie ne peut exister, nécessitait forcément l'irradiation des étoiles pour se former. Une étude dévoile pourtant que cette brique essentielle du vivant pouvait émerger dans l'environnement hostile qu'est l'espace interstellaire, région sombre loin des étoiles et des planètes.
Le milieu interstellaire demeure encore aujourd'hui un sujet de recherche complexe par bien des aspects, tant au niveau des processus physiques que des réactions chimiques qui s'y déroulent. Autrefois considéré comme un espace "vide" et stérile, il est en réalité constitué d’un ensemble d’atomes, d’ions et de molécules répartis plus ou moins densément par endroits, et se compose à 99% de gaz et à 1% de poussières. Néanmoins, le milieu interstellaire compte parmi les régions de l’Univers où l’on s’attend le moins à trouver de la vie, bien plus susceptible d’émerger après la formation des étoiles et de leurs exoplanètes, comme ce fut le cas sur une certaine planète Terre gravitant autour d’une naine jaune, le Soleil.
Notre planète ne cesse pourtant de nous le démontrer : la vie se cache parfois là où on l’y attend le moins. Que l’on ne se méprenne pas, nous ne venons pas de mettre la main sur une forme de vie extraterrestre évoluant dans le milieu interstellaire. Mais de surprenants résultats obtenus par une équipe internationale d’astrophysiciens et de modélisateurs en astrochimie suggèrent qu’une brique essentielle de la vie, la glycine, serait en mesure de se former dans des nuages interstellaires denses, bien avant qu’ils ne forment des étoiles. L’étude qui en découle a fait l’objet d’une publication le 16 novembre 2020 dans Nature Astronomy.
La glycine à la base de tous les acides aminés La glycine est un acide aminé simple. Sous sa forme neutre, elle contient l'épine dorsale de tous les acides aminés protéinogènes α, c'est-à-dire les éléments constitutifs des protéines nécessaires à la vie sur Terre. De manière logique, comprendre la façon dont elle se forme dans l’espace pourrait nous aider à éclaircir le mystère de l'origine de la vie sur Terre comme celui de la présence éventuelle de vie ailleurs dans l'Univers.
Au début des années 2000, des expériences pionnières en laboratoire avaient démontré que l'exposition prolongée d'analogues de glace interstellaire à la lumière ultraviolette conduisait à la formation d'une série d'acides aminés, dont la glycine (Bernstein et al. Nature 416, 401, 2002 ; Muñoz Caro et al. Nature 416, 403, 2002). "Cependant, le besoin d'une source de rayonnement énergétique, c'est-à-dire de photons UV et/ou de rayons cosmiques, imposait des contraintes claires à l'environnement dans lequel la glycine pouvait se former dans l'espace", explique à Sciences et Avenir Sergio Ioppolo, astrochimiste à la Queen Mary University de Londres.
Concrètement, il était donc établi jusqu’à présent que la glycine pouvait se former dans des nuages interstellaires denses, mais seulement lorsque ces derniers étaient éclairés par des étoiles externes ou abritaient des étoiles en formation.
Source : https://www.sciencesetavenir.fr/espace/univers/contre-toute-attente-une-chimie-noire-s-opere-meme-dans-les-regions-les-plus-sombres-de-l-univers_149523
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